Le sport au cœur de l’action de CSRD : spécialisé dans la formation, le conseil, l’audit et l’accompagnement, les services CSRD sont de plus en plus concernés par le domaine sportif.
« On travaille notamment beaucoup avec les établissements d’enseignement supérieur, privés ou publics, qui ont un volet sport. Il est également prévu que l’on s’engage avec des mairies pour l’aide à la gestion d’associations sportives. Cela va nous permettre de décrypter au plus près les problèmes qui peuvent survenir », confie Etienne Durant. » Le sport est le domaine fondamental qu’il convient d’accompagner au mieux, car il est malheureusement propice aux dérives. »
Quel est le parcours qui vous a mené à lutter contre la radicalisation ?
Je suis ancien commissaire de police, j’ai eu un parcours en Police judiciaire durant quasiment l’ensemble de ma carrière. J’ai notamment dirigé une unité qui s’occupait des problèmes de radicalisation au sein de la Police nationale. Malheureusement, dans la Police comme dans l’Armée et la Gendarmerie, on assiste à une progression des cas de radicalisation. Le travail que nous avons effectué avec l’équipe que je dirigeais m’a amené à me rendre compte qu’il y avait un vrai problème qui n’est pas vraiment traité par nos institutions. Quand j’ai quitté la Police, je suis rentré au CSRD (Conseil en Sûreté, Recherche et Dissuasion), un organisme de formation et de conseil crée par Régis Dubois. Nous avons mené des actions de formation sur la lutte contre la radicalisation auprès d’entreprises, de municipalités et de certaines fédérations sportives.
Justement, le sport est-il un domaine où l’évolution de la radicalisation vous inquiète ?
Selon les services de renseignement, la radicalisation progresse dans le sport. Pour certaines organisations, notamment salafistes, le sport est un moyen de recruter et de prendre en charge les jeunes qui sont à la recherche d’une identité culturelle ou religieuse. Aujourd’hui, c’est très compliqué pour le milieu sportif de lutter face à cela, car il est morcelé, il n’y a pas de politique globale de prévention à la radicalisation. C’est très compliqué pour les fédérations et je pense qu’il y a beaucoup à faire pour lutter contre ce problème de radicalisation dans le monde du sport. Ce que nous faisons face à cela, c’est avant tout d’expliquer comment ce système fonctionne. Il y a des signaux qui trahissent une telle situation. Bien souvent, dans les fédérations, on sait que des problèmes existent à tel ou tel endroit. Aujourd’hui, on fait appel à nous, mais je pense que c’est encore très insuffisant.
Le monde du sport a-t-il pris la mesure de l’ampleur de ce problème ?
Je ne pense pas, du moins pas encore. Aujourd’hui, nous sommes dans des rapports de force. Il y a un vrai problème de vigilance de la part des dirigeants de clubs de sports. Malgré tout, je n’ai pas envie de jeter la pierre à ces dirigeants qui doivent faire face à des demandes quasi permanentes de la part de leurs adhérents, des demandes qui peuvent concerner des petites choses au départ, ce que l’on appelle des signaux faibles, mais qui vont ensuite mener à ce problème de radicalisation. Actuellement, il existe une plus grande porosité qu’avant entre les gens qui sont simplement croyants et la radicalisation. Beaucoup de jeunes notamment , commencent à défendre l’idée que les lois religieuses sont supérieures aux lois de la République. C’est une idée qui germe de plus en plus et qu’il est nécessaire de combattre. C’est dans ce contexte que la situation devient vraiment dangereuse et qu’il faut agir. Il faut éviter cette bascule en menant des actions comme nous le faisons à notre niveau. Je demeure tout de même plutôt optimiste. Les dérives dans le monde du sport se sont localisées. De plus, il n’y a pas une majorité de clubs qui sont confrontés à ce problème. Mais il faut rester vigilant et ne pas laisser les choses dériver.